L’économie sociale et solidaire renvoie à un modèle économique spécifique, distinct du secteur capitaliste traditionnel. Portée par des valeurs de solidarité, de lien social et d’utilité collective, l’ESS met l’humain au cœur de l’économie. Zoom sur ses principes, ses acteurs et son développement en France.
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L’économie sociale et solidaire abrégée en ESS repose sur des principes fondateurs qui la distinguent du secteur capitaliste classique. Tout d’abord, la primauté de l’humain sur le capital. En effet, l’ESS place les individus, le lien social et l’intérêt collectif au centre de son modèle économique. L’utilité sociale prime sur la recherche du profit maximal. Ensuite vient la gouvernance démocratique. Les structures de l’ESS (associations, coopératives, mutuelles, etc.) fonctionnent selon un principe démocratique. Les décisions sont prises collectivement, selon le principe « un homme = une voix ».
Troisièmement, la lucrativité limitée est mise. Les excédents dégagés, lorsqu’ils existent, sont majoritairement réinvestis dans l’activité de l’entreprise et ses projets, plutôt que redistribués aux actionnaires. L’objectif n’est pas l’enrichissement personnel, mais le développement du projet. Enfin, l’ancrage local et l’utilité collective viennent de pair. Les initiatives de l’ESS sont enracinées localement et cherchent à répondre aux besoins socio-économiques des territoires. Elles créent des emplois non délocalisables.
Bien qu’ancrée dans une longue tradition solidaire, l’économie sociale et solidaire connaît un essor sans précédent depuis une vingtaine d’années en France. En 2017, elle rassemblait plus de 200 000 entreprises et organisations employant 2,4 millions de salariés, soit 10 % de l’emploi.
Plusieurs facteurs expliquent cette dynamique. D’une part, la montée des aspirations citoyennes pour une économie responsable et durable. D’autre part, la reconnaissance par les pouvoirs publics du rôle de l’ESS dans le développement des territoires et la cohésion sociale. Depuis 2014, la loi sur l’ESS en a donné une définition juridique et mis en place des dispositifs de soutien, comme le label ESUS. Le gouvernement promeut également des aspects comme :
- l’innovation sociale ;
- l’essaimage des bonnes pratiques ;
- et l’émergence de pôles territoriaux de coopération économique (PTCE).
Malgré ces progrès, des défis demeurent pour pérenniser les modèles économiques de l’ESS et les moyens d’action des associations. La mobilisation collective et l’engagement de toutes les parties prenantes sont essentiels pour ancrer ce modèle dans la société.
Plusieurs enjeux se dessinent pour l’avenir de l’économie sociale et solidaire. Le premier est de consolider son modèle économique, pour le rendre viable et pérenne dans un environnement concurrentiel. Cela passe par la structuration des filières, l’amélioration de la productivité ou encore l’accès au financement. Un autre défi est l’élargissement de son impact social et démontrer la capacité de l’ESS à apporter des solutions innovantes aux défis sociaux et environnementaux. Pour cela, les acteurs doivent gagner en visibilité et ouvrir leur gouvernance à l’ensemble des parties prenantes du territoire.
Par ailleurs, l’ouverture de l’ESS à de nouveaux publics et sa démocratisation sont des enjeux cruciaux. Comment rendre ce modèle accessible au plus grand nombre ? Cela nécessite un travail d’information, d’éducation et de formation du grand public. Enfin, l’ESS doit continuer à se structurer et se fédérer pour porter d’une seule voix ses valeurs et ses combats. Le collectif, l’intercoopération et le partage des bonnes pratiques sont des leviers essentiels pour relever ces défis.